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Textes Littéraires
09/06/2006 - 23:22

Les enfants des ténèbres -19-

Roman - Chapitre 20



Les enfants des ténèbres -19-
Il n'était plus question d'hamburger. Son client parti, Anastasio appela Vergier à la Garonne. Ils convinrent de se retrouver au snack de l'Horloge, adresse que les deux amis réservaient aux grands moments.
Le patron, un fou mystique, se faisait nommer Bercoud et évoquait volontiers un passé de truand marseillais. Lui aussi faisait crédit à Anastasio.

L'entrecôte aux champignons qu'il servait était pour le moins surprenante: généreusement arrosée de beurre et de sauce béchamel aux grumeaux de farine, elle pesait systématiquement un poids de voleur, mais seulement en graisse et en nerfs. Encore plus surprenant, elle ne contenait pas de noix. Mais tout ceci était bien égal au détective, qui jugeait le crédit indispensable à son entreprise, l'endroit plus que discret et Bercoud souvent de bon conseil.
Anastasio arriva à l'Horloge à treize heures trente. Il en était seulement à son troisième pastis quand Eugène Vergier plia sa grande carcasse pour passer la porte.
- Alors, et pour les tapis?" sermonna t il d'un air sentencieux.
Puis il aperçut les verres sur la table et surtout les olives. Quant à son ami, il essaya de ne rien laisser voir de son nouvel état outre, bien entendu, le sourire satisfait et assuré de l'homme qui réussit. Il planta ses pouces dans l'échancrure de son gilet de laine, pris du recul, asséna la nouvelle le plus humblement possible:
- Un client m'a provisionné à hauteur de cinq mille francs. "
Eugène s'était saisi d'une olive, en fit jaillir le noyau, en tritura la chair jusqu'à en faire une pâte verdâtre mêlée à la poussière de ses doigts.
Pour faire quoi?"
C'était lui qui avait financé l'installation du détective exorciste. Pendant longtemps, Maxime s'était demandé comment Vergier avait pu posséder les vingt milles francs qu'il avait mis à sa disposition. En fouinant selon sa formule préférée "de droite et de gauche",il avait appris que son associé travaillait de nuit au marché aux poissons. Depuis, Anastasio ne cessait en présence d'Eugène d'agiter les narines à la recherche d'odeurs douteuses. Mais il comprenait que le souci de Vergier, plus que la rentabilité immédiate, puisse être de ne pas voir son associé se lancer dans une affaire peu compatible avec les lois et règlements en vigueur. Cela rendrait l'investissement dangereux.
- Bon dieu, Eugène, pour travailler, qu'est ce que tu crois? "
- On paie les tapis de billard alors? " C'était une idée fixe.
Patiemment, Maxime lui expliqua qu'ils se devaient de rester prudents, qu'il n'était pas question de jeter l'argent par les fenêtres.
- Eh, Maxime, viens voir un peu ici ! "
C'était Bercoud. Anastasio le rejoignit au comptoir où il était en grande conversation avec un manchot. Un type trapu avec une sale gueule qu'il reconnut.
- Tiens, vé, je te présente le Commissaire. Un vieil ami marseillais. C'est le nouveau préfet de police."
Sans l'être, Anastasio fut obligé de se déclarer enchanté. Ce type lui fichait la trouille. Il avait la gueule ravagée; le sourire qu'il affichait n'était qu'un dessin sur nature morte. Il y avait d'autres raisons aussi ...
Bercoud insista en clignant discrètement des paupières, mimique que Maxime lui rendit sans connaître le niveau de compréhension que cela impliquait de sa part.
- Anastasio est exorciste. "
Non de dieu, voilà qu'on le dénonçait, et en haut lieu. Il tenta une diversion:
- Je me souviens parfaitement de vous, Monsieur le Préfet. C'est vous qui avez résolu l'affaire des rapts des enfants de l'Assistance."
A en croire la presse, ce flic n'était pas n'importe qui. Bastard sembla forcer un peu plus son sourire. Ses lèvres formèrent une cicatrice. Le détective n'eut pas d'autre choix que d'insister :
- Bon dieu, Monsieur le préfet, cet avocat avait un certain toupet. "
Le flic ne répondit rien. Vergier interpella son ami et associé.
- Max, la béchamel se fige. "
Anastasio n'eut pas le temps de saisir cette occasion, déjà Bercoud fichait tout par terre:
- Déjeunez ensemble. Vous êtes tous trois mes invités. "
Anastasio savait Bercoud influent. Le tenancier de l'horloge était un appui pour tous les Basques, résidents réguliers ou non de la région. Mais ne tenant pas à remettre l'orteil dans ce milieu, le tout nouveau détective bordelais pleurnicha:
- Mais, Bercoud, mon séjour est régulier, j'ai plus aucun contact ..."
Bastard quitta son tabouret. Maxime eut l'impression que l'homme rebondissait sur le sol:
- C'est moi qui vais faire appel à vous, et à titre personnel. "
Bercoud se désintéressa de la question. Le regard indifférent, il leur tourna le dos, se dirigea vers l'autre extrémité du comptoir.
- J'ai bien dit à titre personnel, réaffirma le préfet en entraînant Anastasio vers sa table.


Henri Vario










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