Quantcast
Sommaire
EditoWeb MagaZine
Découvrez sur EditoWeb Magazine une plongée captivante dans l'actualité et la littérature, avec des commentaires pointus, des œuvres littéraires variées de la science-fiction au polar, au fantastique à l'ésotérique

référencement Google et Google Actualités


Textes Littéraires
16/11/2005 - 23:00

Les enfants des ténèbres -5-

Roman - Chapitres 4 & 5

Dans l'appartement des Deguers, Laurence, étendue sur le sol, paraissait dormir. Le regard de son mari était fixé sur la mare de sang qui, déjà, imbibait les fibres du tapis. " Ca coule comme un torrent de pluie, la couleur n'est pas régulière, c'est rouge vif puis brun, c'est sale puis pur. Ce n'est pas seulement du sang, il y a autre chose, ce torrent là charrie des immondices, des îlots infects. "
Fabien tomba à genoux. Enlaçant sa femme, son visage contre le sien, il récita: Viens mon enfant, viens... "



Les enfants des ténèbres  -5-
Dans l'appartement des Deguers, Laurence, étendue sur le sol, paraissait dormir. Le regard de son mari était fixé sur la mare de sang qui, déjà, imbibait les fibres du tapis. " Ca coule comme un torrent de pluie, la couleur n'est pas régulière, c'est rouge vif puis brun, c'est sale puis pur. Ce n'est pas seulement du sang, il y a autre chose, ce torrent là charrie des immondices, des îlots infects. "
Fabien tomba à genoux. Enlaçant sa femme, son visage contre le sien, il récita: Viens mon enfant, viens... "
Son regard était fixé sur le ventre proéminent qui se soulevait et s'abaissait en des spasmes de plus rapides. Le sang s'était tari. Il coagulait sur le tapis, poissait les pétales de roses.
" Viens mon enfant, viens... "
Laurence s'éveilla à la douleur. L'enfant lui avait, de son petit poing, déchiré l'abdomen. Bientôt, dans un flot de viscères et d'excréments, il se dégagea la tête. Il souriait.



CHAPITRE IV




L'ermite avait allumé les fanions disposés de chaque coté de la porte de sa cabane. Il attendait en ranimant de temps à autre le foyer de sa cheminée. Lorsque la porte s'ouvrit sur Fabien, il l'aida à déposer Laurence sur un matelas disposé tout près du feu. Les deux hommes s'étreignirent.
Longtemps, Fabien déversa son chagrin, le laissant couler de ses yeux au point qu'ils se mirent à brûler.
L'ermite parla:
- Je lui ai fait une jolie chambre tu sais. Mais où est il? "
L'avocat caressait les cheveux de sa femme.
- Dans le coffre, je veux que vous commenciez par vous occuper de ma femme. "
- Elle ne court aucun danger, elle est venue et j'ai fait le nécessaire. Donne-moi l'enfant. Ne prenons pas de risques! "
La haine révulsa le visage de Fabien. Les poings fermés, le coeur enflammé par la colère, il se dirigea vers le vieil homme qui céda:
- Comme tu voudras. "
- Quand est elle venue ici? "
- Aujourd’hui. "
Fabien s'assit en tailleur à même le sol. Les mains posées sur les genoux, il songea que les "autres" étaient déjà sur la piste de l'enfant. Pendant un moment, le vieillard l'observa, puis ses lèvres remuèrent comme avec pudeur, sa voix se fit plus dure qu'il ne l'eut souhaité:
- Il est venu, hein?"
- Oui, répondit Fabien, ajoutant pour lui-même: "Je n’ai rien à me reprocher, doc. Dieu et le diable ne sont pas de cet univers. Tu en es le maître. Le prêtre n'est qu'un fantôme, un corbeau aux plumes d'argile."
Doc ne perçut qu'un petit rire étranglé. Il parvint à refouler sa question: avait il la croix de cire, Fabien, l'avait il?



CHAPITRE V




"En ville, les derniers noctambules rentraient sans remarquer le prêtre qui, s'étant traîné jusqu'à une des nombreuses fontaines du quartier, rinçait son visage tuméfié et tournant une âme pleine de ressentiment vers Dieu, lui demandait pardon. Quelques mètres plus loin, des enfants sans âge riaient et dansaient une farandole en murmurant tous en choeur:
" DES DIVINES TÉNÈBRES IL EST NÉ
DU FOND DE LA TERRE IL EST ARRIVÉ
MERCI MON DIEU MERCI MARIE
JOSEPH N'EST PAS CE QUE L'ON DIT
ET SI DEMAIN IL NOUS AIMAIT
LE SANG DANS NOS MAINS S'EMBRASERAIT
ET SANS REGRET ET SANS RANCOEUR
IL DETRUIRA TOUS LES MENTEURS
AVE MARIA AVE MARIA
MERCI MON DIEU MERCI MARIE
JOSEPH N'EST PAS CE QUE L'ON DIT"
" Et sous les yeux du prêtre face à la lune agenouillé, la danse des enfants s'accéléra, prenant des allures de tourbillon. Alors, la tête de l'homme de Dieu chavira et, comme un somnambule, faisant fi du danger, le coeur serein plus qu'apeuré, vers les enfants il s'avança.
"Son lourd poing d'adulte s'abattit sur le premier, faisant jaillir le sang de son nez. Les autres, avec mépris, sans riposter, reprirent leur danse, à petits pas, sans se presser, en silence. Et, piétinant leur compagnon qui sans un cri était tombé, ils s'en furent.
Là bas, vers les ténèbres! "

Dieu n'avait manifestement pas pitié des policiers. Le témoignage que j'étais en train de lire était une véritable figure de style. Un clochard lyrique. Pourquoi pas, me dis je, en appelant un de mes inspecteurs pour qu'il m'amène le curieux "témoin".
Le bougre puait la vieillesse et l'alcool. Un véritable fossile. Mais, bien vite, je rengainai mon mépris et, civilité oblige, tentai de lui décocher un sourire.

- Ok Antoine, assieds toi et dis moi ce que tu as vu!"
- J'ai tout signé, Commissaire."
Je répliquai du tac au tac, tout en évitant, autant que faire se peut, de croiser son regard qui je l'aurais juré sur la tête de ma douce et tendre ex épouse me criait: qu'est ce qu'elle a ma gueule?
- Quant à moi, j'ai tout lu. Alors résume s'il te plaît, tu veux?
Le débris d'ancêtre se pencha vers moi et j'eus un mal fou à me mettre en apnée pour éviter l'asphyxie dans laquelle n'auraient pas manqué de me plonger les gaz fétides qui s'échappaient de sa bouche édentée.
- J'ai tout vu, Commissaire, enfin presque tout!" L'ignoble se recula enfin, cela me permit tout à la fois de respirer plus à l'aise et de souhaiter que Saddam Hussein ne parvienne jamais à équiper les têtes de ses scuds de ce genre de gaz. Et voilà que le dégueulasse se mettait à me faire les yeux doux, les plissant, les faisant rouler pour, croyait il sans doute, se donner l'air pitoyable.
Il voulut sa voix douce. Redressant le buste, le gonflant d'importance au risque de me le faire exploser au visage, il prit du recul et, ses mains bien à plat sur ce que l'administration appelait pompeusement un bureau, affirma:
- Je sais tout! "
- Tout? "
Le salaud faisait durer le plaisir. Je commençais à envisager sérieusement sa destruction totale et définitive, me préparant même à profiter, la vie durant, du luxe insolent de nos prisons, quand enfin, il manifesta perfidement son intention de se mettre à table:
- Vous n'auriez pas... un petit quelque chose à boire et à manger?
J'aimais mieux cela et appelai un gardien dans l'intention de passer commande, puis me ravisant, je préférai y aller moi-même.


Henri Vario










Flashback :
< >

Mercredi 2 Avril 2008 - 00:00 Sans domicile fixe

Mardi 4 Décembre 2007 - 22:11 Les enfants des ténèbres -34-

Les news de la Culture et des Lettres | Infos Junior | Textes Littéraires | Portraits d'Artistes | L. Robotti Séville






Partageons sur FacebooK
Facebook Sylvie EditoWeb Facebook Henri EditoWeb