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Textes Littéraires
23/12/2005 - 00:57

Les enfants des ténébres -9-

Roman Chapitre 9

Voilà plusieurs mois, le jour même de la mort du clochard, j'avais flairé le sang.
Comme à chaque fois que cela m'arrivait depuis que j'appartenais à la brigade criminelle, je n'en fus pas horrifié. Bien au contraire ...
Pourtant, l'interrogatoire du curé n'avait rien donné. Le prêtre, malgré l'affirmation des médecins selon laquelle aucun être humain ne pouvait s'arracher les yeux, maintenait qu'il ne savait rien de son agression.



Les enfants des ténébres -9-
Quant à la mort de Vigalor, le rapport d'autopsie précisait: "La mort à été provoquée par un violent choc assené à la base du muscle cardiaque. " Avec quoi? Le rapport ne le disait pas!
Peut être aurais je dû interpeller ces enfants assis devant la brasserie. C'est en tout cas ce qu'avaient affirmé ces messieurs du contrôle général en me retirant l'affaire pour la confier à la Brigade des Mineurs.

Je pensais à tout cela en me rendant à la convocation de mon patron, le directeur régional de la Police Judiciaire. Naturellement, une copine, vague dactylo appartenant à son équipe, m'avait renseigné: "on allait refiler le bébé à la criminelle". Me le remettre dans les pattes. Ce n'était certainement pas pour les "ex beaux yeux" d'un curé. Encore moins pour élucider le mystère de la mort d'un clochard. Alors pourquoi?
Se pourrait il que d'autres que moi aient flairé le sang? Celui des autres ou le leur? Je réprimai mon hilarité et me fis annoncer au patron.
Notez bien ceci: si, pour vous recevoir, votre patron hisse sa carcasse hypotendue et se taille à grands coups de serpe un large sourire destiné à transformer sa gueule de rapace joufflu en quelque chose qu'il décide de croire sympathique, c'est soit que votre emploi est en danger, soit, et c'est pire, qu'il compte bien vous charger d'un travail plus à même de vous empoisonner l'existence que les réflexions douceâtres et pleines de fiel de votre belle-sœur. Vous savez, celle qui, s'estimant plus jolie que votre épouse, semble ne pas comprendre que vous ayez si mauvais goût.
Mon patron fit cela et plus encore ...
Son parcours de démagogue nouvelle vague ne fut pas sans faute. Tout le talent déployé ne lui évita pas de commettre l'irréparable: la petite faute qui fiche tout par terre. Il aurait pu se contenter de me donner, comme le faisait la grande majorité de mes collègues et supérieurs, du "Mon Cher Commissaire " par-ci, "Très Cher Ami" par-là, Mais non! Il proféra à mon endroit une injure impardonnable: " Mon cher BASTARD " Il ne cessait de le répéter, au point que force me fut de constater que cela ne pouvait être, de sa part, qu'un acte délibéré d'agression. Imaginez que vous ayez un ami, que vous vous acharniez à l'appeler Ducon ou Melon ou que sais je encore? Si vous ne comprenez toujours pas, imaginez donc le contraire ...
Bastard! "L'Assistance" m'avait affublé de ce nom sans jamais avoir eu à justifier de son choix.
Il faut dire qu'en ce qui me concerne, même aujourd'hui, j'aurais du mal à démontrer l'excellence de la moralité de Madame ma mère, laquelle du reste, semble s'être bien gardée de se signaler aux autorités compétentes, ce qui, il faut bien le dire, ne saurait plaider en sa faveur; et, selon la croyance populaire ancrée dans les esprits, en la mienne non plus.
Un ami d'enfance m'avait suggéré d'introduire auprès du conseil d'Etat une requête en changement de nom. Mais c'eut été de ma part reconnaître ipso facto le caractère ambigu de mon patronyme. Donc "Bastard" j'étais, "Bastard" je resterais!

Le dossier sous le bras, je regagnai mon bureau.
Selon les instructions que l'on m'avait une fois n'est pas coutume clairement énoncées, je devais tout mettre en oeuvre pour résoudre cette affaire. Quelle affaire? Celle du curé et du clochard? Pas du tout ... des cadavres! Des cadavres de gosses étaient retrouvés écartelés, désarticulés, la tête parfois arrachée. Au rythme d'une demi-douzaine par jour! Depuis dix jours. Mes narines en palpitaient. Les rectums respectables de ces messieurs de la hiérarchie s'en serraient. Autre chose ...
Des bandes d'enfants se regroupaient un peu partout dans les collines de Provence. Des centaines d'enfants. Personne ne savait d'où ils venaient ni ce qu'ils voulaient!
Aucune disparition n'était signalée. Et les descriptions correspondaient à celles établies lors du meurtre de Vigalor .

Je rentrai chez moi, méditant sur le fait que la presse n'en disait rien.



Henri Vario










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