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Amériques
13/08/2009 - 17:10

Pas d'annonce majeure pendant la tournée africaine de Clinton

Hillary Clinton doit boucler vendredi au Cap Vert une tournée de onze jours dans sept pays d'Afrique où elle a prêché la bonne gouvernance sans pour autant annoncer d'infléchissements majeurs de la politique américaine envers ce continent.



Le voyage de la secrétaire d'Etat, un mois après la visite du président Barack Obama au Ghana, a consisté en grande partie à écouter ses interlocuteurs et à afficher la bienveillance des Etats-Unis.

Mais elle n'a annoncé aucune nouvelle initiative de taille ou aide supplémentaire, à l'exception des 17 millions de dollars promis pour les victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo et pour le financement de programmes contre le sida.

"Je m'attendais à autre chose qu'une confirmation du statu quo", confie Bronwyn Bruton, spécialiste de l'Afrique au Conseil des Relations extérieures, à Washington.

"J'ai l'impression qu'elle a tendu la main pour faire savoir que les Etats-Unis accordent de l'importance à l'Afrique, mais Clinton tente aussi de faire au mieux dans le cadre existant", dit-elle.

Ce déplacement, le plus long d'Hillary Clinton en tant que secrétaire d'Etat, vise à montrer que l'Afrique constitue une priorité pour le premier président afro-américain des Etats-Unis, dont le père était kényan.

"Il y a eu d'énormes attentes après l'élection d'Obama et après son investiture. Les gens pensaient que les vannes de l'aide allaient s'ouvrir tout grand, mais maintenant ils ont pris conscience des limites", note Tom Wheeler, de l'Institut sud-africain des Affaires internationales.

La politique africaine des Etats-Unis est toujours en cours d'élaboration pour deux endroits essentiels - le Soudan et la Somalie - et la priorité est donnée à la politique intérieure, dominée par la crise économique et la réforme du système de santé.

A l'extérieur, les Etats-Unis sont aussi très absorbés par les guerres en Irak et en Afghanistan ainsi que les efforts pour contenir les programmes nucléaires iranien et nord-coréen et pour relancer le processus de paix au Proche-Orient.

Princeton Lyman, ancien ambassadeur des Etats-Unis au Nigeria et en Afrique du Sud, deux des sept étapes de Clinton, estime que l'on se souviendra de son périple pour son message sur la bonne gouvernance, déjà évoquée par Barack Obama au Ghana, où il a souligné que l'aide occidentale en dépendait.

"Le thème de la bonne gouvernance sera le leitmotiv de l'administration Obama", prédit Lyman.

C'est au Kenya qu'Hillary Clinton a tenu son discours le plus ferme contre la corruption, dans un pays où il était probablement plus facile de faire passer ce message en raison des racines qu'Obama y revendique.

"Le président Obama aimerait beaucoup que le Kenya soit le chef de file d'un mouvement de réforme", a dit la secrétaire d'Etat à des étudiants à l'université de Nairobi.

Ferme au Kenya, elle s'est gardée de critiquer publiquement les ministres de pays producteurs de pétrole que sont le Nigeria et l'Angola, réservant ses flèches pour les réunions publiques qu'elle affectionne.

Avec le ministre nigérian des Affaires étrangères, elle a dit "soutenir et encourager" les efforts de lutte contre la corruption. Quelques heures plus tard, elle expliquait devant une assistance enthousiaste que le fossé entre riches et pauvres est dû à une mauvaise gouvernance.

S'il est utile de s'appuyer sur le prestige d'Obama, Clinton doit assurer un suivi avec des résultats. "Et il reste à voir si cette approche paiera", note Stephen Morrison, du Centre pour les Etudes stratégiques et internationales, une cellule de réflexion de Washington.

Certains experts ont déploré qu'Hillary Clinton n'ait pas davantage fait pression sur l'Afrique du Sud à propos du Zimbabwe, disant qu'elle aurait dû afficher davantage son soutien au chef de l'opposition, Morgan Tsvangirai, qui a du mal à faire respecter l'accord de partage du pouvoir conclu avec le président Robert Mugabe.

"Cela faisait étrangement penser au président (George W.) Bush lorsqu'il s'est rendu en Afrique du Sud", dit Lyman en évoquant le silence de Clinton face aux journalistes qui l'interrogeaient à Pretoria et Durban sur le Zimbabwe.

Si elle a insisté sur la sécurité alimentaire au Kenya et en Angola, Clinton en a moins parlé aux autres étapes, probablement, estiment certains experts, parce qu'elle ne dispose toujours pas sur place d'un responsable de l'Agence américaine pour le Développement international qui serait le fer de lance d'une telle politique.

En revanche, la secrétaire d'Etat s'est élevée avec force contre les violences sexuelles en République démocratique du Congo en se rendant à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, où elle s'est entretenue avec plusieurs victimes de viols et s'est rendue dans un camp de personnes déplacées.

Hillary Clinton s'est aussi efforcée à chaque étape de contrer l'emprise croissante de la Chine en Afrique.

La visite de Clinton n'est pas seulement portée par l'altruisme, "des intérêts stratégiques" sont aussi en jeu, a écrit le politologue kényan Gitau Warigi dans le journal Daily Nation, en faisant allusion à la Chine.

La secrétaire d'Etat doit quitter jeudi Abuja pour une brève escale à Monrovia, la capitale du Liberia, avant de passer la nuit au Cap Vert et de regagner Washington vendredi.


Source: Reuters via Yahoo News

Awa Diakhate










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