Notes Philosophiques ou Voyage en Anachronie -

L'Histoire

D

D’Eze à Nice, en passant par la Lorraine…

 

Mare Nostrum

 

            Tous semblent avoir leur vision de la Méditerranée.

 

            Pour les uns, les pays qui y sont rattachés, attachés même, seraient à la traîne de l’Europe et à la « pointe » de l’Afrique. Pour les autres, simple couloir menant à diverses destinations touristiques, ce grand lac intérieur véhiculerait l’argent, c'est-à-dire des devises.

 

            Comme toujours, tous ont tort et tous ont raison, alors que nous savons que l’idée Européenne n’a jamais comblé son Sud, à l’instar de l’Italie qui, toutes ligues confondues,  – co-fondatrice, avec la Grèce, de l’Europe, seul monde connu… - rêve secrètement de décrocher le wagon d’Eboli de la locomotive de tête : Roma, qui tire, de celle de queue : Milano, qui pousse.

 

            De même, Pax Romana ou Mare Nostrum, les antiques visions d’un monde en devenir, tournèrent au vinaigre attisant ainsi les vieilles rancœurs des peuples oubliés, mais les balsamiquant tour à tour – ne confondons pas barbarisme et barbarie – sous l'apport de la vingt-deuxième légion romaine ou, mutatis mutandis, de la sixième flotte des Etats-Unis, qui toutes deux et bien d'autres ont été relevées par des armées cunardisées en short et sandales. A leurs passages respectifs, s'effondreront des pans d'histoire évoqués avec émotion par des guides polyglottes gueulant toutes les langues mais incapables de parler la nôtre.

 

            Plus simplement, si Pax Romana a des relents de déjà-entendu, Mare Nostrum pourrait être de nature à concilier les inconciliables. Mais c'est bien là un autre sujet.

 

Easy & Nice

 

 

Eze

 

        Quelques hommes et femmes, perchés au sommet d'un mont de moins de cinq cents mètres, essaimant ça et là au fil du temps jusqu'aux confins de cette Communauté qui sera déjà fixée voilà près de dix siècles.

 

        Au Sud, Avisione, petit port destiné au cabotage des trop lourds navires romains, au Nord-est, le reliquat de Celtes et Ligures, fondateurs d'une vraie cité antique et dont les noms finiront au Trophée de La Turbie. Puis, un peu plus loin, l'élément aussi utile que sacré : la Terre. Plus éminent encore : l'eau. Contenue dans de hautes cuves lorsque pluviale, ou retenue puis irriguée lorsque la première est devenue phréatique.

 

        L'organisation? Un Conseil, aréopage coopté des hommes du village et dont la finalité suprême n'était autre que de conserver le plus qu'il est possible cette indépendance qui sied aux peuples fiers. Ce mode de gouvernement durera du début du XIIe siècle jusqu'à ces toutes dernières années. Il doit sa longévité à la base marmoréenne sur laquelle il est fondé : la légitimité - elle-même fruit du temps - et sa destruction, lente et certaine, au délitement de ses fondations, sachant que le dépérissement de la démocratie est assimilable à la maladie de la pierre. Athènes, berceau de la Politique, victime de la pollution... ou bien politique, berceau de la pollution, victime d'Athènes.. Je vous laisse juges!

 

        L'officier, le fonctionnaire, le voyageur romains laisseront leurs vêtements de voyage au camp d'Avisio pour aller goûter aux délices de Cemenelum. Nice voit ainsi naître sa vocation. Capitale topographique d'un lieu aussi maritime qu'alpin, lieu de passage vers la Narbonnaise, la Gaule, une fois devenue siège des Alpae Maritimae.

 

        Ces Alpes-Maritimes, réincarnées en Comté de Nice, puis réduites à une "Côte" mais d'Azur, enfin débaptisées au profit - tout relatif - de l'acronyme PACA, ont ainsi rejoint les régions célèbres mais inconnues.

 

Dédition, Rattachement et Annexion

        

        Gambetta en ballon sous les balles prussiennes, Garibaldi, de même, combattant en Bourgogne, Le statut du Comté de Nice n'est pas sans rappeler celui de l'Alsace-Lorraine. Pourtant, entre Dante ou Rabelais nous n'eûmes pas vraiment à choisir.

 

        Nice quitte la Provence en 1388, échappant ainsi au risque de l'annexion royale, puis passant au travers de la Révolution comme le petit poisson entre les mailles du filet, elle s'essaie à l'Empire, à la Restauration (pour nous Sarde), pour finalement et seulement trente ans après la province d'Algérie, devenir française.

 

        Chacune de ces longues et riches périodes correspond à une autre Nice, révélant ici une force que l'on ne connaît pas de l'autre côté de la frontière mais aussi, parfois, une faiblesse qui rameute la théorie des climats. Durant cette analyse et pendant ces siècles, les communautés durent qui subir, qui composer, leur seule vertu étant de rester.

 

        Ce sont aussi, il y a longtemps, les codes postaux, puis plus récemment les grotesques acronymes de type PACA, CANCA, etc. qui me poussèrent à rechercher dans nos cœurs et nos reins, faits d'archives et de correspondances, ce qui aurait pu nous éviter "ça", les codes postaux, veux-je dire ainsi que les PACA, CANCA.

 

        Croyant l'avoir découvert - mais je ne suis pas le seul - mon idée simple et donc de le partager avec tous ceux et celles qui voudront bien se joindre à cette modeste quête de vérité locale. La France aux multiples communes ne peut se comprendre qu'à ce prix et il est vrai que ces temps nous poussent à chercher à la comprendre. Nice, nouvel arrivant au sein du giron national, a aussi son mot à dire. 

 

        Les plus impatients de mes nouveaux lecteurs pourront se rendre sur mon site précédent :    http://perso.wanadoo.fr/lelotusdeze/Ecrits%20d'Eze.htm, le présent blog étant d'une nature plus, disons, immédiate.

 

 

       

 


Xavier Cottier
Rédigé par Xavier Cottier le Jeudi 29 Septembre 2005 à 16:10
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