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Commerces et services
28/01/2025 - 23:26

Histoire de la carte de crédit

La carte de crédit fait aujourd’hui partie intégrante du paysage financier mondial. Apparue il y a plus d’un siècle sous diverses formes (jetons, plaques de métal, cartes en carton), elle est devenue un outil incontournable du commerce, facilitant les paiements et l’accès au crédit pour des milliards de personnes. Son histoire reflète à la fois l’évolution des pratiques bancaires, l’essor de la société de consommation et les avancées technologiques qui ont bouleversé le secteur des paiements.


 

1. Les prémices : des jetons de paiement au début du XXᵉ siècle

a) Les premiers usages informels du crédit

  • Crédit “à la confiance” : Bien avant l’invention de la carte de crédit, des commerçants proposaient déjà à leurs clients de régler leurs achats “à terme”. Le vendeur notait alors les montants sur un registre ou « ardoise », en se fiant à la solvabilité présumée du client.
  • Comptes clients et livrets de crédit : Dans les grands magasins américains (fin XIXᵉ – début XXᵉ siècle), il était courant que les clients réguliers ouvrent un compte interne, leur permettant de faire leurs courses sans payer immédiatement. Ces pratiques sont les ancêtres de la carte de crédit, même si elles restaient limitées à un seul commerçant.

b) Apparition de jetons et de plaques en métal

  • Charge Coins et Charge Plates : Dès la fin du XIXᵉ siècle, quelques entreprises (magasins, compagnies pétrolières, etc.) remettaient à leurs meilleurs clients des jetons en métal ou des plaques en aluminium.
    • Charge Plates : Systématisées dans les années 1920-1930, elles portaient souvent le nom et l’adresse du client en caractères embossés. Lors d’un achat, le commerçant utilisait un “imprinteur” manuel pour imprimer les informations sur un reçu.

c) Premières cartes s’apparentant à du crédit généralisé

  • Western Union : Selon certaines sources, la compagnie de télégraphie Western Union aurait délivré, dès 1914, des “cartes” en métal à ses clients VIP, leur accordant des services différés.
  • Développement sectoriel : Les compagnies pétrolières américaines (telles que Texaco ou Shell) ont également mis en place, dans les années 1930, des cartes spécifiques pour l’achat d’essence. C’est l’ancêtre de la “carte essence” moderne, toujours limitée à un réseau déterminé (stations-services).

2. L’émergence des premières cartes de crédit universelles (1950-1960)

a) Diners Club (1950) : la genèse d’une carte universelle

  • Histoire fondatrice : Frank McNamara, cofondateur de Diners Club, aurait eu l’idée d’une carte de paiement lorsqu’il se retrouva, selon la légende, dans l’incapacité de payer l’addition d’un restaurant faute de liquide.
  • Fonctionnement initial :
    • La première carte Diners Club, en carton, permettait à des clients sélectionnés de régler leur note dans un petit réseau de restaurants new-yorkais.
    • Chaque fin de mois, le client devait rembourser intégralement le solde (carte à débit différé et non un crédit renouvelable).
    • Rapidement, Diners Club élargit son réseau, incluant hôtels et certains commerces, posant les jalons d’une carte de paiement “multi-enseignes”.

b) American Express (1958) : un service premium

  • Une origine dans le transport de valeurs : Fondée au milieu du XIXᵉ siècle pour transporter fonds et colis, American Express avait déjà gagné en notoriété avec son système de chèques de voyage (“Traveller’s Cheques”).
  • Lancement de la carte :
    • En 1958, la société émet sa première carte en carton, avant de passer rapidement au plastique.
    • Positionnée comme un service haut de gamme, elle propose à ses détenteurs un accès privilégié à de grands hôtels, compagnies aériennes et restaurants.
    • L’image “prestige” d’American Express participe à la démocratisation de la carte de paiement auprès d’une clientèle d’affaires et fortunée.

c) BankAmericard (1958) : le crédit revolving pour tous

  • Initiative de la Bank of America : Basée en Californie, la Bank of America innove en distribuant une carte appelée BankAmericard, permettant à ses détenteurs de rembourser leurs dépenses par mensualités, avec intérêts.
  • Impacts révolutionnaires :
    • Le public peut désormais acheter à crédit en toute simplicité, sans avoir à solder la totalité de la facture chaque mois.
    • Ce modèle de “réserve de crédit” (ou crédit renouvelable) favorise l’explosion de la consommation de biens et de services.
    • Par la suite, la BankAmericard changera de nom pour devenir Visa.

3. La structuration du marché (années 1960-1970)

a) Master Charge (1966), futur MasterCard

  • Association bancaire : Des banques américaines s’allient pour former la Interbank Card Association et lancent la marque Master Charge en 1966.
  • Montée en puissance :
    • L’idée est de créer un réseau suffisamment large pour concurrencer BankAmericard/Visa, en mutualisant les risques et les investissements dans les infrastructures de paiement.
    • Renommée MasterCard en 1979, cette organisation deviendra l’un des principaux leaders mondiaux de la carte de crédit.

b) Législations et protection des consommateurs

  • Truth in Lending Act (1968) : Aux États-Unis, cette loi oblige les émetteurs à informer clairement les clients sur les taux d’intérêt, les frais et les conditions de remboursement.
  • Encadrement de la responsabilité en cas de fraude : Les années 1970 voient l’apparition de règles limitant les sommes imputables à l’utilisateur en cas d’utilisation frauduleuse de sa carte (cf. Fair Credit Billing Act de 1974).

c) Internationalisation progressive

  • Conquérir l’Europe et l’Asie :
    • Visa (ex-BankAmericard), Master Charge/MasterCard, Diners Club et American Express nouent des partenariats avec des banques locales pour diffuser leurs cartes hors des États-Unis.
    • Les cartes de crédit se heurtent parfois à des spécificités culturelles et bancaires (par exemple, la forte tradition de paiement en liquide au Japon ou en Allemagne).
  • Diners Club International : Devient un symbole de statut social pour les voyageurs et hommes d’affaires internationaux.

4. Les évolutions technologiques (années 1970-1990)

a) La bande magnétique et l’informatisation des échanges

  • IBM et la bande magnétique : Au début des années 1970, IBM introduit la bande magnétique sur les cartes, permettant de stocker les données du client (numéro de compte, date d’expiration, etc.).
  • Apparition des terminaux électroniques :
    • Les commerçants s’équipent progressivement de machines capables de lire la bande magnétique et d’effectuer des autorisations en temps réel (modems téléphoniques).
    • Ceci accélère la lutte contre la fraude et évite l’usage du papier carbone pour imprimer le numéro de la carte (méthode encore courante jusque dans les années 1980).

b) Le Groupement Cartes Bancaires (CB) en France

  • Création en 1984 : De grandes banques françaises (Crédit Lyonnais, Société Générale, BNP, etc.) s’associent pour lancer un système interbancaire unifié, garantissant l’interopérabilité des retraits et des paiements.
  • Standard “CB” :
    • À l’origine, ces cartes étaient principalement des cartes de débit à usage national.
    • Au fil du temps, des cartes de crédit ou à débit différé, liées aux réseaux internationaux (Visa, MasterCard), sont proposées sous la bannière CB.

c) L’arrivée de la puce électronique

  • Invention française : Roland Moreno dépose en 1974 le brevet de la carte à puce.
  • Déploiement progressif :
    • D’abord utilisée pour les cartes téléphoniques prépayées (années 1980), la puce électronique s’impose dans le domaine bancaire dans les années 1990, sous l’impulsion du groupement EMV (Europay, MasterCard, Visa).
    • L’authentification par code (PIN) remplace progressivement la signature comme preuve d’identité, réduisant considérablement les fraudes par falsification.
    • L’Europe et l’Asie adoptent largement ce système, alors que les États-Unis prennent plus de temps pour migrer depuis la bande magnétique.

5. Mondialisation, internet et innovations (années 2000 à nos jours)

a) La norme EMV généralisée

  • Renforcement de la sécurité : La puce associée à un code PIN protège mieux contre le clonage de carte et l’usurpation d’identité.
  • Adoption plus tardive aux États-Unis : Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié des années 2010 que les acteurs américains passent massivement aux terminaux EMV, sous la pression de la hausse des fraudes.

b) L’essor du commerce en ligne et des paiements virtuels

  • E-commerce : Les années 2000 voient une explosion des achats en ligne, tirée par Amazon, eBay, etc. La carte de crédit/débit devient le moyen de paiement prédominant.
  • Nouvelles solutions :
    • PayPal (fondé en 1998) propose un système tiers de paiement sécurisé, s’appuyant indirectement sur les cartes bancaires.
    • Cartes virtuelles : Les banques et fintechs émettent des numéros de cartes “éphémères” pour lutter contre la fraude.
    • 3D Secure : Les marques Visa (Verified by Visa) et MasterCard (SecureCode) introduisent une couche d’authentification supplémentaire (code par SMS, validation biométrique, etc.).

c) Le paiement sans contact et les portefeuilles mobiles

  • Technologie NFC : À partir des années 2010, l’ajout d’une puce NFC (Near Field Communication) dans la carte permet de régler de petits montants en approchant simplement la carte du terminal.
  • Smartphones et wearables :
    • Apple Pay, Google Pay, Samsung Pay stockent virtuellement la carte et utilisent la puce NFC du téléphone pour payer.
    • Les montres connectées (smartwatches) adoptent elles aussi ce principe, dématérialisant la carte physique.
  • Limites élevées : Les événements comme la pandémie de COVID-19 accélèrent l’acceptation du sans contact, avec une hausse des plafonds et une évolution des usages.

d) Émergence des néo-banques et crypto-cartes

  • Néo-banques (Revolut, N26, Monzo, etc.) : Proposent des cartes à frais réduits pour les paiements à l’étranger, un suivi en temps réel via application mobile, et souvent une gestion très souple du crédit associé.
  • Cartes liées aux cryptomonnaies : Certaines entreprises (Crypto.com, Binance Card) permettent de dépenser ses cryptos en temps réel, la conversion se faisant à l’instant de la transaction.
  • Écoconception et biométrie :
    • Des cartes en matériaux recyclés ou biosourcés, limitant l’empreinte carbone.
    • Des prototypes de cartes avec capteurs biométriques (empreinte digitale) intégrés pour valider le paiement.

6. Conséquences sociales et économiques

a) La société de consommation et le crédit revolving

  • Facilitation de l’achat : La disponibilité quasi immédiate d’une ligne de crédit a favorisé l’accroissement des dépenses de consommation, en particulier aux États-Unis.
  • Risque de surendettement : L’usage excessif des cartes de crédit peut mener à des situations financières délicates (intérêts élevés, cumul de dettes). Les gouvernements imposent donc régulièrement des plafonnements de taux ou encouragent des pratiques de crédit responsable.

b) Le rôle clé dans l’économie mondiale

  • Un levier pour l’e-commerce : Sans carte bancaire, la plupart des plateformes en ligne n’auraient pas connu un essor aussi rapide.
  • Un marché oligopolistique : Visa et MasterCard dominent nettement le segment international de la carte bancaire, tandis qu’American Express et Discover/Diners Club conservent des positions de niche.

c) Les fraudes et la cybersécurité

  • Menaces toujours présentes : Le phishing (hameçonnage), le vol de données (skimming) et d’autres techniques criminelles ciblent régulièrement les détenteurs de cartes.
  • Réponses technologiques : 3D Secure, tokenisation, cartes virtuelles à usage unique, intelligence artificielle pour repérer les transactions suspectes.

7. Vers l’avenir : la carte de crédit dématérialisée ?

a) L’évolution vers le “tout-numérique”

  • Cartes virtuelles permanentes : Certains émetteurs proposent désormais de générer des numéros uniques pour chaque transaction, ou de stocker la carte uniquement sur mobile (carte physique optionnelle).
  • Intégration aux super-apps : Dans certains pays (Chine, Inde), les “super-applications” (WeChat, Alipay) intègrent de plus en plus les fonctionnalités de cartes de crédit, supprimant la frontière entre le compte et le moyen de paiement.

b) Les nouveaux modèles de crédit

  • Buy Now, Pay Later (BNPL) : Des acteurs comme Klarna, Afterpay ou PayPal proposent des formules de règlement échelonné sans frais, contournant la carte de crédit classique.
  • Cartes d’abonnement : Certains retailers ou fintechs mettent en place des cartes associées à des programmes de fidélité très élaborés, ou à des formules d’abonnement qui transforment le rapport à la consommation.

c) L’impact de la régulation et de l’innovation

  • Régulation prudentielle : Face à la multiplication des offres de crédit, les instances de contrôle (banques centrales, autorités financières) veillent à éviter les bulles de surendettement.
  • Technologies émergentes : L’arrivée de la blockchain, de l’identité numérique ou de l’informatique quantique pourrait bouleverser encore davantage la sécurité et la structure même des réseaux de paiement.

8. Conclusion

De la Charge Plate métallique, limitée à un seul magasin, à la carte de crédit universelle reliée à un réseau bancaire mondial, l’histoire de la carte de crédit est étroitement liée à l’essor de la société de consommation et des innovations technologiques. Chaque étape – de la création de Diners Club en 1950 jusqu’aux paiements sans contact et aux néo-banques actuelles – a élargi le cercle des utilisateurs, renforcé la sécurité et transformé en profondeur les habitudes de paiement.
Loin d’être figée, la carte de crédit continue d’évoluer :
  • Dématérialisation croissante (paiements mobiles, tokenisation).
  • Émergence de nouveaux acteurs (fintechs, géants du numérique, crypto-entreprises).
  • Sécurité renforcée et encadrement réglementaire.
À l’avenir, la carte physique pourrait céder encore plus de terrain à des dispositifs purement numériques, mais son principe fondateur – offrir un moyen de paiement simple, accepté mondialement et adossé à une forme de crédit – reste plus que jamais au centre de l’économie mondiale. En ce sens, la carte de crédit demeure l’un des piliers incontournables de la finance contemporaine.
MultiCredit Team
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