Notes Philosophiques ou Voyage en Anachronie -

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Dimanche 16 Octobre 2005
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FRANK HARRIS - L'AVENTURIER

Frank Harris - Février 1914

        La réputation sulfureuse de la "Côte d'Azur", pendant du vertueux Comté de Nice, n'est pas nouvelle. Ainsi, la Reine Victoria, pourtant pratiquante des joies de la "French Riviera", fermait-elle les rideaux de son wagon pour ne pas voir les paysage empreints de stupre et de lucre des lieux connus pour leur faune graveleuse et dionysiaque!

        Frank Harris est la parangon de ces hommes éternels qui hantent alors les halls de gare, d'hôtels ou d'officines en tous genres. De Cannes à Menton, les villes de la côte offrent tout un choix d'activités rémunérées et non taxables qui vont de gigolo, à joueur "chanceux", en passant par celles d'investisseur désargenté et d'ami professionnel.

         Français, il eut été feuilletoniste ou rédacteur de presse à scandale (elle existait déjà). Nous devons à John Dos Passos d'en savoir plus sur notre triste héros qui mourut à Nice, rue de la Buffa, en 1930.

        Il nous apprend au premier chef qu'écrivain - disons chroniqueur, notamment pour le "Spectator" -, Harris a utilisé ici même ses connections mondaines afin de vendre des actions dites "blue-sky", ayant découvert avant d'autre que l'or bleu en vaut bien d'autre. Il séjournait à l'Hôtel du Cap d'Antibes et entreprit des investissements dans des hôtels monégasques ainsi qu'à Eze!

          Dos Passos ne mentionne pas le nom de l'hôtel en question, mais cette révélation est pour le moins singulière! Il est vrai que la période annonçant la grande crise de 1929, soit celle qui succède immédiatement aux fastes années Vingt, présage également de l'utilisation du nouveau tourisme à des fins spéculatives. A Eze, la "Société Terrienne de la Côte d'Azur" entreprend de nombreux achats fonciers. Il serait faire trop d'honneur à Frank Harris, qui n'est après tout qu'un pauvre hère, d'en faire l'éclaireur de la multitude d'escrocs qui empêchèrent le développement de la station balnéaire d'Eze-sur-Mer. Il n'en demeure pas moins que de faillites en liquidation, des pans entiers de notre territoire furent mis en coupe sombre ou laissés en jachère laissant accroire aux plus naïfs (Dieu qu'ils étaient nombreux à l'époque!) d'entre les Ezasques qu'il s'agissait là d'une "réserve foncière"; En fait, un trésor de guerre qui, plus tard, sera déterré lorsque les dirigeants d'ici ou là seront moins regardants.

            Revenons à notre petit homme d'Harris qui, ruiné, meurt à Nice en 1930. Il est juste qu'il eût sa plaque, le XXe siècle ayant rendu plus d'hommages aux faux qu'aux vrais héros. Mais il fut tout de même l'un de nos visiteurs et à ce titre il a sa place dans notre panthéon des pousse-cailloux d'Eze qu'ils fussent français, étrangers, princiers, parfois royaux ou simples quidams.

            Nous lui devons, enfin, d'être cité par Dos Passos ce qui n'est pas rien et, après tout, face à nos escrocs d'aujourd'hui, Mr. Frank Harris est tout à fait fréquentable!


Xavier Cottier
Rédigé par Xavier Cottier le Dimanche 16 Octobre 2005 à 00:29
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