L'Histoire
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GARIBALDI

(Archives Xavier Cottier)
L'HOMME DE CAPRERA
Mille huit cent soixante seize. Beau temps ce 19 juin sur l'île de Caprera. Bien que malade, vieilli et déçu - les lions finissent toujours solitaires - Guiseppe garde un oeil sur l'Etat, c'est à dire l'Italie, presque son œuvre, puis sur sa famille.
Agostino Deprestis est au pouvoir. Homme des vaillants "Mille", il alloue une pension au héros que celui-ci accepte car elle vient d'un des siens.
Homme d'état ou aventurier, grand général ou mercenaire, Garibaldi demeure l'une des figures du temps des Nations. Il fut partout. Trop, sans doute. Mais il risqua sa vie. Il prit position; toujours. Mais il changea d'opinion. Certes. Mais il est des revirements qui font les héros. Ainsi, l'homme qui jugea inconsidéré le rattachement de Nice et de la Savoie à la France, fut le même qui onze ans plus tard allait se battre jusqu'en Bourgogne pour qu'une autre idée Européenne ne prévalût jamais sur celle latine. Franc-maçon, il se marie à l'église. En un mot il est italien. Non du bout des lèvres et par choix. Non pas. Ardemment et puissamment italien. Les niçois, peu enclins à la rancune, ne l'oublieront jamais.
C'est donc de son exil qu'il prend la plume pour s'adresser à son avoué. Mais, pour lui, il est plus que son homme de loi. En effet, César-Marie Figuiera connaît bien sa famille. De plus, autre intérêt pour le grand homme, il est l'époux de la fille du Chevalier François Malausséna. Garibaldi n'a pas aimé les choix de dernière minute du maire de Nice mais il connaît son influence. Or, les Garibaldiens sont à la grande Italie (qui s'étend à ce qui est italien, l'a été ou compte de communautés italiennes) ce que les Bonapartistes sont à la France. Force d'appoint mais jamais de ralliement, minoritaire car mouvement de cadres et non de masses. Tous attendent leur heure.
César-Marie Figuiera
Collection
XC -
C'est celle de sa fin qui est promise au pater familias de Caprera. Mais, pour l'instant, ce qui le préoccupe est une maison dont il est propriétaire et au sujet de laquelle César-Marie Figuiera a écrit à son fils Menotti. Plus directement, il veut que son avoué niçois s'en occupe directement avec son fils. Ces affaires, visiblement, ne le concernent plus. Pour autant, sa missive n'est ni froide, ni purement technique. Guiseppe n'oublie pas de demander à César-Marie de saluer son "... cher cousin Damiano" pour finir par un amical "Sone vostre".
Lettre de G. Garibaldi à C-M. Figuiera - 1876 - Collection Abeille
Faut-il s'en étonner? La famille de César-Marie Figuiera et ses successeurs - dont fait partie votre serviteur - conservera toujours à l'endroit de Garibaldi un respect qu'elle pense devoir tant à l'homme qu'à ce qu'il a accompli. Bien sûr, les temps étaient propices à la bravoure et aux actions d'éclat. mais je demeure convaincu que ce n'est pas la pièce qui fait l'acteur mais l'acteur qui fait la pièce.
"L'idée de patrie est une idée de ville. La petite patrie, c'est la grande, c'est l'unique."
Jules Renard
Extrait de son Journal 1893 – 1898
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TOPONYMIE

A l'occasion du centenaire du Rattachement de Nice à la France, le Centre Universitaire Méditerranéen publiait une somme sous la forme d'un numéro spécial de ses annales (Treizième volume 1959-1960, au sein duquel figurait la conférence du Professeur Charles Rostaing, alors Professeur à la Faculté des Letttres d'Aix-en-Provence, donnée le 22 janvier 1960.
Je vous soumets donc son analyse de la toponymie d'Eze :
"Eze, (de Avisione, IV" s.) est le même mot que le nom du village corse de Evisa, non moins caractéristique : la racine est Av-, Le Bar, qui, malgré son orthographe moderne ne présente pas du tout l'article; Le Bar était en effet, en 1078 Albarnum, il est formé du thème Al-B, qu'on retrouve dans le nom de la célèbre cité rivale de Rome, située, comme vous le savez, sur une colline, et qu'on retrouve aussi avec une variante consonnantique dans le nom des Alpes. C'est donc la colline, une fois de plus... Ilonse, (Yloncia, XV" s.), nid d'aigle, lui aussi, qui est dérivé de la racine Il-, qu'on retrouve dans Ilion, l'ancien nom de la citadelle de Troie qui était, comme toute citadelle qui se respecte, sur une colline, et dans le mot ibère ili, qui veut dire ville."
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1861-1865
LE RECENSEMENT DU QUOTIDIEN
Le Second Empire gouverne de façon scientifique. Avant tout, il recense les forces du pays et découvre en cette année 1861 celles très particulières du Comté de Nice.
Ces chiffres ont été publiés et sont une mine de renseignements sur le quotidien de l'arrondissement de Nice dont fait partie Eze.
Au lendemain du Rattachement, les activités du village sont agricoles et artisanales entre la culture de la terre et la confection des outils pour ce faire. Mais il y a bien d'autres activités que les visiteurs venus de Paris ont détaillé avec minutie.
Nombreux sont ceux des Ezasques qui allaient chercher à Nice un emploi. Le recensement national de 1861-1865 nous brosse le paysage professionnel de Nice et de sa région.
Les fonderies
Le chiffre est impressionnant. Deux fonderies à Nice! Douze hommes y travaillent ainsi que ... deux enfants. Ces derniers touchent 0,60 francs, les adultes eux 3 francs. Sans commentaire.
Les jarres
En revanche, une seule fabrique de jarres n'employant que six personnes : trois femmes, trois hommes. Le salaire n'est que guère inférieur à celui des fondeurs mais le personnel produit quatre cents trentes jarres par an ce qui semble considérable.
Le temps - et pas seulement lui - a fait disparaître la plupart des hautes jarres qui ornaient maisons et rues d'Eze. Il en reste malgré tout quelques unes et il convient d'assurer leur conservation.
Le Bâtiment
Une fabrique de plâtre, une fabrique de chaux. Il s'agit d'établissements commerciaux et non comme ici à Eze de ces fours individuels qui produisaient d'importantes quantités de chaux destinées à la construction et surtout l'entretien de nos maisons.
Elles emploient trente-six personnes dont cinq enfants. Imaginons l'épreuve d'une seule journée de travail! Leur salaire est celui des fondeurs et ils produisent par an deux mille deux cent quarante mètres cubes de chaux. Impressionnant!
L'éclairage
Nice s'éclaire au gaz. Il est confectionné dans une seule usine composée de douze ouvriers qui travaillent à partir de la houille. Mais il convient de mentionner également les chandelles. Une seule fabrique de même et qui n'en produit que trois cents vingt kilos. Il est vrai que beaucoup achetaient leurs bougies en Italie qui, grâce à la "technologie" des cierges d'église, produisait une lumière de plus longue durée et avec moins de fumée.
Photo Jean Gilletta
Gazomètre
de Nice
Archives photographiques (Médiathèque du Patrimoine) (c) Caisse nationale des Monuments historiques
L'alimentation
Il constitue le poste le plus important en quantité d'établissements. Dix-huit au total et il s'agit de fabriques de vermicelles. Cent vingt et un ouvriers y assurent la fabrication d'une production d'une valeur annuelle de cinq mille francs. Par ailleurs, une chocolaterie où seulement trois hommes travaillent.
Habillement et Toilette
Nice est peuplée de six parfumeries et distilleries d'essence. Elles emploient vingt-deux ouvriers et travaillent sur trente-trois machines. Aspect intéressant et permanent : la durée du chômage dans cette branche est évaluée à huit mois! Il s'agit là et à cette époque, de la période estivale où Niçois et hivernants quittent la région. Ce chiffre considérable est le plus important de toutes les évaluations des précédents postes et il indique, s'il le fallait, que la question clé du tourisme était et demeure celle de la "saisonnalité". Les administrateurs de 1861 semblaient davantage s'en soucier qu'aujourd'hui.















